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 Témoignage CPIP:je ne veux pas etre agent des renseignements

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4 participants
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Julio le Kamouflé
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Julio le Kamouflé


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MessageSujet: Témoignage CPIP:je ne veux pas etre agent des renseignements   Témoignage CPIP:je ne veux pas etre agent des renseignements EmptyJeu 15 Déc 2016, 16:43

Une tribune d'un collègue sur la mise en œuvre de la politique de lutte contre la radicalisation au sein de la DAP

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1631841-conseiller-d-insertion-et-de-probation-je-ne-veux-pas-devenir-un-agent-du-renseignement.html

Bonne lecture !


Conseiller d'insertion et de probation, je ne veux pas devenir un agent de renseignement
Publié le 15-12-2016 à 15h41 - Modifié à 15h41


Par Grégory
LE PLUS. Mylène Palisse risque une exclusion de sept jours avec sursis. Conseillère pénitentiaire d'insertion et de probation (CPIP) et syndiquée CGT, elle avait critiqué dans "L"Humanité" les nouvelles directives s'appliquant à son métier, qui l'obligent à remplir une fiche de renseignement indiquant d'éventuels signes de radicalisation. Grégory, également CPIP, partage ses critiques.
Édité et parrainé par Rozenn Le Carboulec

À travers ses propos dans un article du journal "l'Humanité", notre collègue et camarade élue syndicale Mylène Palisse a contribué à verser au débat public des éléments sur la politique  de lutte contre la radicalisation et ses dérives, au sein de l'administration pénitentiaire et du ministère de la Justice. Elle a dit publiquement ce dont beaucoup parlent dans l'entre soi des services et qui a par ailleurs été publié dans d'autres articles de presse, du "Canard Enchaîné" notamment.

Le vase déborde déjà depuis très longtemps

Je travaille hors les murs, en "milieu ouvert" comme on dit dans le jargon, et je partage les constats de ma collègue. Je m'occupe de la prise en charge de personnes qui peuvent sortir de détention en fin de peine ou en aménagement de peine, ou bien ne pas avoir fréquenté la détention mais qui sont condamnées à des peines alternatives à l'incarcération (sursis avec mise à l'épreuve, travail d'intérêt général, libération conditionnelle ab initio, placement sous surveillance électronique).

J'exerce ce métier simplement depuis 2009, et pourtant j'ai perçu une évolution significative du travail en lui-même sur le terrain.

Cette nouvelle mission de renseignement, c'est la goutte d'eau qui fait complètement exploser un vase qui déborde déjà depuis très longtemps.

On peut citer pour preuve l'empilement des textes et réformes pénales, les problèmes liés à la surcharge du système judiciaire et pénitentiaire dans un contexte de politique sécuritaire, ainsi que les logiques gestionnaires ou les tâches administratives formelles réalisées sur ordinateur qui prennent le pas sur le fond et les multiples démarches concrètes d'accompagnement des personnes.

On nous a demandé de signaler tout comportement suspect

Courant 2015, les agents du renseignement pénitentiaire se sont déplacés dans le service, en milieu ouvert,  pour nous faire une présentation de leur travail, de l'histoire de la menace terroriste en France, en nous rappelant tous les attentats de ces 50 dernières années, et clairement surtout dans l'objectif de faire tomber nos réticences et de nous faire passer le message selon lequel il ne faut surtout pas hésiter à leur signaler tout comportement qui paraîtrait suspect.

À les écouter, un signalement isolé n'aurait aucun effet particulier pour la personne concernée, c'est seulement en cas de multiples signalements et recoupements.

À cette occasion, un dossier nous a été remis avec la fameuse "grille d'aide à l'évaluation du risque / degré de radicalisation islamiste". Il est précisé sur le document : "Les éléments de cette grille sont à considérer dans une approche globale d'aide à la détection de profils radicalisés ou en voie de radicalisation". L'outil a visiblement été conçu pour le "milieu fermé", mais il nous a été communiqué pour nous donner des critères pour d'éventuels repérages...

Une culture des dossiers secrets et des informations cloisonnées

Des référents radicalisation ont étés nommés dans le service, et il nous est donc possible de leur signaler des personnes afin de faire remonter l'information. La procédure apparaît relativement informelle et secrète et ne laisse donc aucune trace au dossier de la personne suivie.

Les référents radicalisation s'enferment dans leur bureau pour discuter et s'absentent régulièrement pour des réunions top-secrètes dont on ne sait pas grand-chose. On sent petit à petit s'installer dans le service un climat particulier : "quelque chose" se prépare en permanence, à la fois visible et impalpable.

On nous ferme la porte sur une partie du fonctionnement de notre propre service, il a comme une zone 51. C'est pour le coup un changement radical par rapport à notre culture professionnelle, qui nous a habitués à des réunions d'équipe et des échanges ouverts et pluridisciplinaires sur la situation des personnes. C'est la culture des dossiers secrets et des informations cloisonnées qui est en train d'envahir notre administration sans que cela soit posé formellement dans les textes, ni même verbalisé clairement dans les réunions.

Vers une surveillance et une stigmatisation généralisées ?

Ce système de signalement, de secret et de renseignement est également en train de se mettre en place dans l'Éducation nationale et potentiellement dans tous les services publics ! C'est très grave pour les usagers et les professionnels !

Une autre question soulevée par Mylène Palisse est donc la suivante : dans quelle mesure la culture du renseignement est-elle en train de pénétrer les administrations de ce pays à la faveur de cette thématique du terrorisme ?

Plus largement, Mylène interroge sur les suites que les décideurs entendent donner aux politiques publiques suite aux divers constats et recherches réalisées pour comprendre le phénomène djihadiste.

Est-ce que, sur le moyen et le long terme, notre société va régler la question de la radicalisation violente par la surveillance généralisée, par le soupçon et la stigmatisation de telle ou telle composante de la population, et l'enfermement préventif de toute personne associée de près ou de loin à ces mouvances ?

Ou est-ce que c'est aussi, et peut-être surtout, par la réaffirmation des droits fondamentaux, le développement de valeurs humanistes, et la possibilité pour tout à chacun d'avoir accès à la chose publique, de participer, construire, être valorisé et se sentir à sa place au sein d'une société qui a du sens ?

Nous ne voulons pas devenir des agents du renseignement

S'il existe des lois qui donnent des compétences précises à l'administration pénitentiaire en matière de renseignement, les décrets qui définissent les missions de notre profession n'ont pas étés modifiés pour intégrer une dimension qui toucherait à l'alimentation du renseignement : cela été imposé dans l'urgence de manière furtive et informelle sans réflexion de fond.

Il n'y a pas de doutes sur le fait que les Services d'insertion et de probation sont plus que jamais prêts à remplir leur travail, et ce n'est probablement pas en nous transformant en agents de renseignement, mais en renforçant notre cœur de mission et nos capacités d'intervention que nous, les travailleurs sociaux et acteurs du secteur éducatif, seront le mieux à mêmes de travailler à prévenir la radicalisation violente.

Notre métier, c’est de s’intéresser aux fondamentaux de l’humain

On ne peut pas exercer ce métier sans s'intéresser profondément à ce qui constitue les fondamentaux de l'humain pour comprendre les fonctionnements individuels et la construction du vivre ensemble.

Notre métier au contact de personnes dans des situations "hors normes" nous place aux premières loges pour voir d'un côté les réalités humaines et sociales, et de l'autre pour constater ce qui est fait en matière de politiques publiques pour les repérer, les comprendre et y apporter des solutions, que ce soit en termes d'accompagnement sanitaire, éducatif, social, ou bien en termes de responsabilisation et de sanctions. On regarde le soir les discours sur les écrans et on prend tous les matins la réalité dans la face.

L'approche exigée par la réglementation européenne sur la probation est celle de la transparence avec les personnes dont nous assurons le suivi afin d'établir une relation constructive. C'est le socle préalable indispensable à tout travail positif ! Or par essence, la transmission d'informations au renseignement pénitentiaire se conçoit comme une activité cachée à la personne.

Cette affaire doit tous nous concerner


Cette affaire amène à nous demander si ce climat de suspicion généralisée à l'encontre de toute personne qui peut correspondre de près ou de loin à cette nouvelle "figure de la peur" qu'est l'archétype du terroriste radical ne génère pas divers effets contre-productifs qui peuvent justement renforcer des logiques de repli et d'identification à travers des pensées radicales, que ce soit à l'intérieur des établissements pénitentiaires, ou à l'extérieur.

Ce qui apparaît ici, c'est que même dans un pays qui se veut être une démocratie ouverte avec un espace d'expression large pour permettre le débat démocratique, certains sujets sont en réalité particulièrement sensibles et que des citoyens, engagés syndicalement ou non, sont amenés à prendre des risques pour diffuser une information ou donner leur opinion.

Alors que l'on parle de plus en plus de démocratie participative, et de créer un statut protecteur des lanceurs d'alerte, il parait déjà important que le statut de délégué syndical, notamment dans la fonction publique, cesse d'être continuellement remis en cause par les pouvoirs politiques et administratifs. Il faut un renforcement de la liberté d'expression au-delà de la simple défense des intérêts des personnels, mais aussi dans la perspective de la recherche de l'intérêt général et de la meilleure utilisation de l'argent du contribuable.

Il me semble que les questions soulevées par Mylène Palisse agitent l'ensemble de notre profession, mais sont en réalité transversales et peuvent être élargies bien au-delà.

Suivant son exemple, je souhaite que cette affaire nous fasse tous prendre conscience, en tant que concitoyens, de la nécessité de réinvestir pleinement le terrain politique et de diffuser les informations utiles pour le débat public, dans la recherche de l'intérêt général, pour prendre en main notre destin collectif.

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Julio le Kamouflé
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MessageSujet: Re: Témoignage CPIP:je ne veux pas etre agent des renseignements   Témoignage CPIP:je ne veux pas etre agent des renseignements EmptyJeu 15 Déc 2016, 18:56

Une interview:

http://medialibre.info/decembre2016/2016/12/14/en-prison-les-travailleurs-sociaux-sur-le-gril/

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mylene

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MessageSujet: Re: Témoignage CPIP:je ne veux pas etre agent des renseignements   Témoignage CPIP:je ne veux pas etre agent des renseignements EmptyJeu 15 Déc 2016, 19:46

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un smiley pour fêter mon entrée dans le monde de la modernité téléphonique et saluer bien bas Fabrice et Grégory
santa  et un  de plus parce que c'est bientôt Noel
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ALEXOU

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MessageSujet: Bonsoir à tous!   Témoignage CPIP:je ne veux pas etre agent des renseignements EmptyJeu 15 Déc 2016, 21:34

Je ne suis qu'un modeste stagiaire mais j'ai été très touché par l'histoire de Mylène.....Intuitivement je pense qu'elle à touché quelque chose que beaucoup perçoivent.... Témoignage CPIP:je ne veux pas etre agent des renseignements 215455 Je suis solidaire avec elle, je ne peux hélas pas faire grand chose à mon niveau sinon lui manifesté tout mon soutien.....
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Thaly
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MessageSujet: Re: Témoignage CPIP:je ne veux pas etre agent des renseignements   Témoignage CPIP:je ne veux pas etre agent des renseignements EmptyVen 16 Déc 2016, 20:49

Je viens de lire la tribune du nouvelObs. Les commentaires sont à puker  ...

Mais la tribune est très chouette. C'est cool que le soutien puisse aussi se manifester ainsi =)

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